Nous y sommes installé.e.s depuis quelques mois déjà. Au début, il a fallu nettoyer les étages, réparer les fenêtres, refaire la plomberie, dégager les caves. Ensemble, nous avons rafraîchi chaque pièce, repeint des murs et fait en sorte que chaque espace devienne agréable à vivre. Nous avons mis des meubles, de la décoration, et, petit à petit, nous nous sommes sentis chez nous. Nous occupons quelques maisons dans l’îlot Légia, à côté de l’ancien hôpital Saint-Joseph. Vous avez peut-être entendu parler des « squats à Sainte Mar’ ».
Cet îlot est voué à la destruction en vue d’un projet immobilier. Lenteur administrative, expropriation inaboutie, absence d’investisseurs… Dans tous les cas, les travaux sont loin de pouvoir commencer. Nous avons donc décidé d’y vivre, non seulement par choix mais surtout par nécessité. Nous avons, par ailleurs, dès le départ, répété que nous nous en irions, une fois le projet en marche.
Cela n’aura pas suffit à apaiser la ville qui a d’abord tenté de nous mettre dehors illégalement en utilisant une procédure d’expulsion unilatérale, procédure uniquement applicable s’il est impossible d’identifier les occupants. Elle a ensuite coupé l’électricité de deux des bâtiments que nous occupons, sans avertissement préalable ou possibilité de recours et surtout sans rapport d’enquête de l’autorité compétente (SSSP).
La décision d’expulsion est tombée le 29 juillet au terme d’une procédure contradictoire. Le juge Luc Désire a tranché : nous serons expulsables à partir du premier octobre... Les inondations et le fait que des centaines de personnes se retrouvent sans logement, n’a rien changé. Il semble plus important de mettre une quarantaine de personnes à la rue plutôt que de renforcer le droit au logement. L’excuse ? La ville doit entreprendre des relevés d’amiante pour programmer la démolition de l’îlot Légia. Ces relevés ne pourraient être effectués dans des logements encore occupés. Il nous semble évident que c’est un prétexte car il y a d’autres personnes présentes dans l’îlot (les ateliers du comptoir des ressources créatives et les habitant.e.s « historiques ») et que ceux-ci n’ont pas reçu l’ordre d’évacuer les lieux.
La véritable raison qui a fait de nous les cibles de ce jugement, c’est que, contrairement aux autres occupant.es, nous « occupons sans titre ni droit », nous remettons en question le droit de propriété, nous créons nos solutions de logement et de vie en dehors des structures officielles. Le 2 juillet, à une des audiences de leur procès contre nous, l’avocat de la Ville de Liège insistait bien sur ce point : nous sommes dans un procès politique.
La question centrale, c’est le principe d’accès au logement.
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