Le 6 février, le gouvernement fédéral a décidé de supprimer progressivement l'extension du tarif social au statut BIM. Cela signifie qu’environ 400 000 familles dont le revenu est inférieur ou égal au seuil de pauvreté (soit 800 000 personnes au total) seront poussées plus encore dans la pauvreté. Pour les réseaux de lutte contre la pauvreté réunis au sein de BAPN , il est incompréhensible que cette mesure soit supprimée sans politique structurelle en contrepartie.
L'un des arguments du gouvernement fédéral pour revenir sur l'élargissement du tarif social est que les prix de l'énergie sont en baisse. C’est ignorer le fait que la pauvreté énergétique est un problème majeur dans notre société et cela avant même la crise du Covid où une famille sur cinq avait déjà de grandes difficultés à payer ses factures d'énergie. Les crises successives (covid, inflation, énergie, inondations en 2021, sécheresse en 2022,...) qui ont entraîné une augmentation exponentielle du coût de la vie n'ont fait qu'aggraver ce problème. En outre, l'évolution des prix de l'énergie reste très incertaine, alors que les prix d’autres produits de base, comme les denrées alimentaires, sont toujours en hausse. Ces coûts pèsent lourdement sur le budget des personnes en situation de pauvreté, notamment sur les 400 000 familles qui paieront bientôt beaucoup plus pour leurs factures d'énergie.
Nos organisations regrettent également que la suppression progressive du tarif social élargi crée des inégalités entre les familles ayant des revenus similaires. L'élargissement du tarif social est justement une bonne mesure, car elle protège les personnes en situation de pauvreté contre la précarité énergétique, en fonction de leurs revenus (et pas seulement de leur statut). Les personnes ayant un faible revenu avec un emploi précaire ou temporaire seront particulièrement impactées par cette décision. Pour nos organisations, dans le contexte actuel, il est difficile de comprendre pourquoi le gouvernement ne rend pas structurelle une mesure ciblée visant à protéger les plus fragilisés de notre société, tout en maintenant une baisse générale de la TVA, une mesure coûteuse qui s'applique aussi aux personnes qui n'en ont pas besoin.
À court terme, la suppression de tarif social élargi pourra peut-être apporter un léger soulagement au budget public, mais à moyen et long terme, les coûts sociaux seront énormes. Ces familles appauvries auront encore plus de mal à payer leurs factures, ce qui entraînera une augmentation des dettes, du stress et des problèmes sur le plan de la santé mentale, du report de soins de santé, des expulsions et des situations de sans-abrisme, etc.
Les réseaux de lutte contre la pauvreté réunis au sein de BAPN demandent donc au gouvernement fédéral de revoir d'urgence cette décision et de travailler sur des mesures structurelles comme:
- Relever les revenus et les allocations les plus faibles au-dessus du seuil de pauvreté européen
- Un pacte logement-énergie porté par les différents gouvernements de notre pays impliquant des investissements massifs dans l'isolation des bâtiments, à commencer par les logements du marché privé et public destinés aux personnes à faibles revenus et à la classe moyenne inférieure.
- Impliquer les personnes en situation de pauvreté et les organisations qui les représentent dans la réforme du tarif social
Dans la presse: RTBF / MOUSTIQUE