Par l'asbl RTA et le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté – sous la direction de Jean Blairon et de Christine Mahy
Parmi d'autres éléments liés aux politiques structurelles, le parcours scolaire joue un rôle très important dans les possibilités pour des enfants issues de familles pauvres ou soumises à l'appauvrissement de quitter les conditions de pauvreté qu’ils connaissent.
Les familles concernées en parlent en termes d’espoir et d'enjeu essentiel mais aussi en termes de rendez-vous ratés, de projets contrariés, d’espoirs déçus. Pour de nombreuses familles militantes au RWLP, le parcours scolaire est trop souvent, pour les enfants et leurs parents, un parcours d’échec et d'exclusion, et régulièrement de répétition de l’échec et de l'exclusion.
Mais c'est aussi un échec pour l'école et pour les enseignants dont le souhait est de mener chaque enfant le plus loin possible dans son apprentissage.
Le ministre de l’Enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles a par ailleurs initié une harmonisation de la durée des formations de base des futurs enseignants, quel que soit le niveau auquel ils pratiqueront (enseignement maternel, primaire et secondaire inférieur). Une occasion de réforme de cette formation de base se trouve ainsi produite.
Cette réforme de la formation initiale peut-elle contribuer à faire en sorte que l’école puisse relever le défi de « réussir avec tous » et, par conséquent, collaborer activement à la réduction des inégalités ?
Cette recherche participative, qui se concentre sur l'enseignement fondamental, s'attache à en analyser le préalable, au départ d'entretiens avec des familles concernées et de l'analyse qu'elles portent sur la situation : comment se caractérise, se construit, se vit le ratage au moins partiel de l'école avec des enfants et des familles qui vivent dans la pauvreté ?
Une partie de ce travail tente de rendre raison des situations de « ratage » (et, symétriquement, des situations de réussite) en termes de causes efficientes : celles qui produisent l'effet observé, sans qu'elles ne soient toujours perçues.
Ensuite, nous ne pouvions pas faire l’économie d’une réflexion sur la présence de la violence dans les relations en milieu scolaire, lorsque des causes efficientes font qu’elles ressortissent à la sphère du ratage.
Les résultats que les analyses opérées par les personnes elles-mêmes nous ont permis de produire mettent en avant des facteurs déterminants d’une réussite ou d’un échec des acteurs de l’école avec les familles précarisées. Ils pointent très clairement vers la nécessité d’une politique de formation appropriée – non qu’elle soit suffisante, mais telle qu’elle se révèle en tout cas une condition nécessaire pour se donner des chances d’échapper à la reproduction voire à l’aggravation des inégalités sociales par l’école.