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Témoignages et recommandations : Virginie TIMSONET - Guy BORREMANS - Maurice CESAR - Françoise DENIS - Martine KAPITA KAMBA - Damien MAERTENS - Patrick TRUCOLO - Francine De BUYSSER

La santé : une priorité dont on se passe lorsque les conditions de vie sont précaires !       p. 3

par Virginie Timsonet, Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté

Parcours de vie et accompagnement social !                                                                               p. 5

par Guy Borremans, Maison d’Accueil Banalbois

Le monde ouvrier a de la valeur                                                                                                      p. 7

par Maurice César, Solidarités Nouvelles

Partageons un instant la vie d’un couple avec un fils… sur le plan financier !                        p. 9

par Françoise Denis, Forum Social de Mettet

Vivre dans un logement social, pas toujours facile…                                                                  p. 11

par Martine Kapita Kamba, Collectif des Femmes de Louvain-la-Neuve

Le logement, une priorité majeure qui nous implique tous                                                       p. 13

par Damien Maertens, Maison Marie-Louise

L’énergie                                                                                                                                              p. 15

par Patrick Truccolo, Le Trusquin

Le Parc Résidentiel du Lac à Mettet, une histoire de cœur                                                        p. 17

par Francine De Buysser, Forum Social de Mettet

 

La santé : une priorité dont on se passe lorsque les conditions de vie sont précaires !

 

Virginie Timsonet participe aux travaux du groupe Santé au RWLP. Elle travaille au RWLP comme secrétaire et apporte ses compétences comme Témoin du vécu.

 

Son témoignage :

A 18 ans, en stage d’attente, je touchais le Revenu d’Intégration Sociale du CPAS à Bruxelles. Par ce biais, j’étais détentrice d’une carte santé me donnant accès à un médecin généraliste, un pharmacien et un hôpital de référence. Tout était inscrit sur la carte santé et je ne devais rien avancer pour mes soins, tout était pris en charge au travers de la carte.

L’accès à la santé était facilité, notamment pour ma tendinite au bras.

Avec peu de moyens disponibles, je ne devais pas puiser dans le peu d’argent que j’avais. Je me soignais régulièrement, avec un meilleur suivi, une plus grande attention aux symptômes, je n’attendais pas trop longtemps pour appeler le médecin.

C’était en dehors des frais de tous les jours, alors forcément on fait beaucoup plus attention à soi !

Une fois sortie du CPAS car j’avais droit au chômage, j’ai perdu la carte santé et je me suis moins soignée.

J’ai obtenu un travail à mi-temps mais je n’avais toujours pas les moyens de me soigner.

J’ai ensuite travaillé en ALE, technicienne de surface, mais j’ai dû arrêter sur ordre du médecin de la mutuelle.

Ma santé s’est petit-à-petit détériorée, notamment au niveau articulaire.

Quand j’avais trop mal, j’allais aux urgences et à chaque fois, c’était un diagnostic différent sans réel soin par rapport à la cause du problème articulaire. Je n’avais pas de dossier médical.

Le frein principal, c’était d’avancer l’argent de la consultation. Je ratais donc volontairement mes rendez-vous chez le rhumatologue car je n’avais pas les 37 euros.

Je pratiquais l’automédication. Cela a duré des années.

J’ai enfin pu m’inscrire en maison médicale au forfait, les consultations étant gratuites, j’ai été suivie à nouveau correctement, et c’est ainsi qu’en 2008, on a diagnostiqué que je souffrais de fibromyalgie.

Après mon déménagement vers un logement social disponible, j’ai dû quitter la maison médicale car dans ma nouvelle commune, il n’en existait pas.

J’ai donc à nouveau connu une période difficile pour me soigner.

Aujourd’hui, j’ai un médecin traitant qui applique le tiers payant.

Cela améliore nettement l’accès aux soins. Une confiance s’est installée : je sais que je peux consulter chez lui sans grever mon budget.

Le principal frein reste d’accéder aux médicaments, aux spécialistes comme le rhumatologue et aux soins annexes. Les piscines chaudes, la kiné sont des traitements inaccessibles qui pourtant soulageraient mes douleurs. 9 séances de kiné par an sont remboursées dans le cas de ma maladie. Mais, j’en ai besoin de 9 par mois, alors que faire les 11 mois suivants ?

La maladie croisée aux petits moyens disponibles complique ma vie de famille. Le nettoyage nécessaire de la maison est très lourd physiquement mais je n’ai pas les moyens d’une aide familiale. La mobilité est une épreuve également, je n’ai pas d’autre choix que de déposer mes enfants à pieds à l’école. Pourtant, ces 2 obligations me coûtent une douleur aiguë telles que des crampes aux jambes et aux pieds qui me paralysent.

La maladie est un cercle vicieux. Elle m’empêche de travailler à cause de la douleur et elle est aggravée par ma situation économique.

15 ans après, c’est toujours la même chose car ma santé ne me permet pas de travailler à temps plein. Je n’ai toujours pas les moyens de me soigner ou d’être soulagée.

Je suis une maman seule avec 3 enfants. Je fais les choix d’une maman qui pense d’abord à ses enfants, ma santé passe ensuite. Je préfère souffrir et prendre des Dafalgans que de voir mes enfants avoir faim. Cela, c’est exclu.

 

Recommandations du RWLP dans le cadre
d’un accès à la santé pour tous :

 

  1. Organiser un accès à la santé démocratique pour chacun sur toute la Wallonie en mettant en place les conditions qui facilitent la création de Maisons Médicales, qui favorisent la pratique du tiers payant, qui optimalisent le Dossier Médical Global.

 

  1. Généraliser l’utilisation de la Carte Santé dans tous les CPAS de Wallonie, et par là, harmoniser la prise en charge des prestations de santé entre tous les CPAS.

 

 

Parcours de vie et accompagnement social !

 

Guy Borremans participe aux travaux des groupes Logement, Santé, Témoins du vécu au RWLP. Il fréquente le RWLP à travers la Maison d’accueil Banalbois (Hatrival).

 

Son témoignage :

 

A Liège, j’étais propriétaire de six magasins de vêtements. J’étais marié. Nous vivions confortablement avec deux enfants.

Au début des années 90, petit à petit, il y a eu une perte de vitesse dans la vente.

J’ai dû faire des choix, notamment vendre une maison pour compenser les pertes. Les hypothèques et les banques ont entraîné très vite les faillites.

En parallèle, ma femme a quitté notre famille.

Je n’avais plus les moyens de subvenir correctement aux besoins de la famille.

Je perdais pied avec les enfants à ma charge et un mal-être qui a entraîné la dépression, la prise de nombreux médicaments en plus d’alcool qui soulageaient la souffrance.

Je perdais confiance en moi, je n’avais plus d’estime de moi-même.

Mon environnement se détériorait ainsi que mes fréquentations.

En 2002, j’ai été victime d’une grave agression. Je suis tombé dans le coma et j’ai dû subir une trépanation. Je souffre depuis lors d’amnésie.

Je suis resté un an entre hôpitaux et centre de rééducation, soigné notamment par une logopède pour réapprendre à parler et par un psychologue pour retrouver une certaine logique.

Dans la foulée, j’ai été traité pour ma dépression dans un hôpital psychiatrique où j’ai vécu avec des personnes démentes. J’ai essayé de revenir à Liège, mais j’étais devenu phobique suite à tous les chocs subis. Je ne savais plus sortir pour faire les courses. Suite à ces peurs, je suis retourné à l’hôpital psychiatrique.

En 2003, j’ai obtenu un logement social à Gosselies. J’ai été soigné pour l’alcoolisme dans un centre ouvert. J’ai alors arrêté de boire et j’ai repris des études dans la sécurité via le Forem. J’ai trouvé de l’emploi dans le gardiennage. Je me suis « refait » socialement, j’ai repris pied.

En 2010, malgré tous mes diplômes d’accès à la profession obtenus en 2 ans ainsi que mon certificat de bonne vie et moeurs, on me refuse la carte de fonction donnée par le ministère de l’intérieur à cause d’un petit vol de CD commis à la Fnac 10 ans plus tôt pour lequel j’étais fiché. Je perdais en un instant tout ce que j’avais reconstruit.

La clé de ma guérison, c’était la gestion du stress et cette nouvelle épreuve m’a fait rechuter.

Je n’avais plus la force de faire toutes les démarches au CPAS, et ce dernier n’a donc pas pris en charge les médicaments pour la dépression, faute de suivi administratif.

J’ai rechuté ainsi vers l’alcoolisme.

En parallèle, à cause de cette dépendance à l’alcool et faute de points de repère, j’ai été expulsé par un juge de mon appartement.

Je me suis retrouvé à la rue et j’ai été recueilli par Emmaüs.

De là, j’ai décidé de me faire hospitaliser pour alcoolisme.

Pour finir, j’ai décidé de rentrer à la maison d’accueil Banalbois. Je suis à nouveau sous traitement pour l’alcoolisme à ma demande avec un médicament non remboursé, mais grâce auquel je n’ai plus besoin ni envie d’alcool.

A 58 ans, je me dis que j’ai encore des beaux jours à vivre.

 

Deux recommandations du RWLP dans le cadre
de l’accompagnement et du support social :

 

  1. Il est essentiel de maintenir et consolider les dispositifs et institutions en charge de l’organisation de la solidarité afin d’apporter support et accompagnement au moment voulu aux personnes qui sont confrontées à des difficultés majeures dans la vie.

 

  1. Le monde associatif, acteur important dans le cadre de l’action sociale, doit être soutenu de façon sérieuse et durable. Partant des potentialités des personnes, il leur permet de (re)-construire leur vie au sein de la collectivité. En cela, le travail produit à travers le monde associatif doit être construit et compris comme un investissement positif pour l’avenir qui mériterait toute sa place dans un Plan Marshall.

 

Le monde ouvrier a de la valeur

 

Maurice César participe aux travaux des groupes Inclusion Active au RWLP. Il fréquente le RWLP à travers le DAL (droit au logement différent- Solidarités Nouvelles)

 

Son témoignage :

 

Je suis militant depuis toujours pour défendre les droits du monde ouvrier. J’ai travaillé comme ouvrier toute ma vie jusqu’à ce que j’ai le dos cassé. J’ai fait des boulots que j’aimais bien : d’abord comme soudeur, découpeur au chalumeau, opérateur d’engins et puis cariste.

J’ai toujours eu un travail, et j’ai appris ce travail dans l’entreprise avec le patron. Et pourtant, je n’ai pas pu aller à l’école, je n’ai même pas mon diplôme de primaire.

Mais à ce moment là, on pouvait apprendre sur le tas, on apprenait dans l’usine.

Il y avait moyen de devenir un bon ouvrier et de faire une bonne carrière. La relation proche du patron était importante. Et puis, on apprenait un métier à la fois et on le faisait à fond. On est bon dans un boulot, on ne peut pas être bon dans dix.

Depuis 2000, j’ai dû arrêter et je suis invalide.

Maintenant, les choses sont compliquées pour les jeunes car les patrons veulent des gens qui savent tout faire, plusieurs métiers à la fois et tout de suite.

Alors les jeunes se découragent car on leur dit toujours qu’il faut de l’expérience.

Comment ça se fait que maintenant, on est moins capable alors que, sans aller beaucoup à l’école avant, on avait la meilleure main d’œuvre en Europe ?

Je trouve qu’il faudrait proposer à des PME de prendre deux jeunes en apprentissage pendant six mois pour bien les former, contrôler sérieusement cet apprentissage, et que le patron engage ensuite, en étant aidé par l’état. Il faut que les petits patrons soient aidés pour faire cela car ils doivent prendre du temps pour former les jeunes.

C’est important aussi de revaloriser l’enseignement professionnel qui devrait être à la pointe. On l’a laissé tomber. C’est un peu mieux maintenant mais il y a encore beaucoup à faire de ce côté-là. Il y a des gens qui sont faits pour être manuel, tout le monde ne va pas travailler sur un ordinateur ou dans un bureau.

C’est important aussi de soutenir les petits indépendants, les petits patrons, les coopératives. Cela permet un travail plus humain, plus de proximité, avec plus de relations entre les travailleurs et les patrons.

Les politiques ont trop laissé faire les multinationales, ils les aident trop. Les multinationales, elles sont là pour faire de l’argent et c’est tout. C’est les politiques qui doivent décider d’aider d’abord les PME, les coopératives, l’économie sociale. Ce sont eux qui sont responsables de ces choix-là.

Et puis, il faut aussi que le revenu du travail soit correct. Les contrats doivent être de bons contrats, à durée indéterminée pour mettre les gens dans des bonnes conditions. Aujourd’hui, il y a des gens qui travaillent et qui sont pauvres, ce n’est pas normal.

 

Recommandations du RWLP en matière de formation :

 

  1. Il est indispensable de créer des parcours de formation qui correspondent au rythme des personnes. Que ce soit la formation dans l’entreprise, dans des organismes d’insertion, au Forem, dans l’enseignement technique et professionnel.

 

  1. Il faut casser le mécanisme qui fait de l’enseignement technique et professionnel des filières de relégation. Les jeunes qui veulent faire des formations manuelles ou techniques ont droit à un enseignement de qualité, valorisé, qui les conduise vers un emploi.

 

  1. Les PME, projets d’économie sociale et coopératives doivent faire l’objet d’un soutien prioritaire par les pouvoirs publics, en particulier lorsqu’elles s’engagent à accueillir et à former des jeunes.

 

Partageons un instant la vie d’un couple avec un fils… sur le plan financier !

 

Françoise Denis participe au groupe de travail emploi/formation du RWLP.
Elle s’investit dans le RWLP à partir du Forum Social de Mettet.

Elle est porteuse du témoignage d’une autre personne du groupe de travail :

La situation de la famille est la suivante : une maman qui n’a pas de travail à l’extérieur, un papa invalide après une vie professionnelle physiquement exigeante, un jeune adolescent en formation.

Voici les revenus et les charges de ce ménage qui gère :

Les revenus mensuels du ménage :

-         Allocation d’invalidité de la mutuelle :    26 jours à 52,57 € 1366,82 €

-         Allocation de la maladie professionnelle :                                106,71 €

-         Allocation familiale :                                                                       235,67 €

Total :   1709,2 €

Les charges du ménage :

-         Logement :

  • Loyer :                                                                                           288,15 €
  • Provision chauffage et eau :                                                    185     €
  • Garage :                                                                                         29,50 €

-         Assurances : incendie, familiale, moto :                                     39,82 €

-         Electrabel :                                                                                        70     €

-         Mutuelle :                                                                                           39     €

-         Affiliation syndicat :                                                                            4,35 €

-         Divers :                                                                                              93,71 €

-         Belgacom : tv, internet, téléphone                                               94,50 €

-         2 gsm :                                                                                              25     €

-         Argent de poche du fils :                                                                80     €

-         Frais pour le fils : scout, scolaires, transport scolaire :          91     €

-         Compte épargne pour les clôtures de fin d’ année              100   €

           Total :   1140,13 €

Reste pour : la nourriture, le médecin, les médicaments, l’habillement, les transports pour 2 personnes, le carburant pour le scooter, les produits d’entretien et de lessive, les produits de toilette : 569 euros/mois.

Le groupe avait envie de vous montrer à travers cet exemple qu’il est possible de vivre sans s’endetter, en calculant serré de façon continue, en espérant ne jamais rencontrer de coup dur, en limitant au maximum les activités culturelles/sportives /de loisirs, en ne partant pas en vacances, en évitant les tentations et les superflus, …

Et attention, ce ménage paye un petit loyer par comparaison à d’autres.

Beaucoup de Wallons vivent comme cela…

Beaucoup de Wallons vivent avec beaucoup moins que cela, qu’ils travaillent, qu’ils bénéficient d’allocations sociales, qu’ils soient retraités.

Parfait exemple de notre société actuelle mais avec beaucoup de privations.

 

Recommandations du RWLP :

 

  1. Le RWLP estime que le combat pour un revenu décent, que ce revenu soit lié au travail, aux allocations de remplacement, à la pension, à la maladie et l’invalidité, est prioritaire.

Aujourd’hui, un emploi ne garantit plus de ne pas connaître la
pauvreté, l’appauvrissement.

Le RWLP demande que les emplois proposés aux personnes soient de qualité, durables et avec un revenu décent.

Le RWLP demande que les pensions et allocations de remplacement soient revues à la hausse, quel que soit le statut des personnes.

 

  1. De façon ciblée, le RWLP demande qu’un chantier soit ouvert concernant les agriculteurs qui se paupérisent, et en particulier lorsque ceux-ci perdent leur exploitation et donc tous leurs biens. Ce chantier devrait concerner tous les indépendants soumis à un régime similaire.

 

Vivre dans un logement social, pas toujours facile…

Martine Kapita Kamba participe au groupe de travail Logement du RWLP. Elle est membre du Conseil d’administration du RWLP comme représentante du Collectif des femmes de Louvain-la-Neuve.

Son témoignage :

Vivre dans une maison sociale, c’est parfois un cadeau empoisonné, sur certains points comme les charges. Même si on est reconnaissant d’être logé, on a besoin que notre habitation soit de bonne qualité pour pouvoir penser à autre chose qu’à ce qui ne fonctionne pas dans la maison.

Beaucoup de maisons du parc social se dégradent faute d’entretien. Certaines sont déclarées insalubres. C’est dommage, car compte tenu que le parc est déjà réduit, il se réduit encore d’autant plus. Quel est le sens de tout cela ? Pourquoi ne pas préserver ce qu’on a déjà ?

En tant que locataire, on serait prêt à s’impliquer dans la restauration des immeubles, de notre habitation. Mais les règles de la société qui gèrent sont telles que nous devons exclusivement faire appel à eux. Mais quand on fait appel à eux, c’est souvent parti pour plusieurs années d’attente avant qu’ils ne viennent réparer.

C’est ainsi qu’on est resté mon mari, mes quatre enfants et moi, pendant deux ans, sans eau chaude. Le boiler nécessitait une réparation. Nous avons alors dû faire chauffer l’eau sur les plaques électriques de la cuisine pendant tout ce temps. Notre facture d’électricité a considérablement augmenté...

D’autres exemples de ce que j’ai vécu : la porte de mon garage avait besoin d’être réparée. N’importe qui pouvait rentrer chez moi sans problème. Entre la demande de réparation et la réparation dans les faits, il s’est passé quatre ans. Quand on appelle pour des robinets qui fuient, ils viennent réparer... mais après ça fuit tout autant. Et là, c’est la facture d’eau qui augmente.

Ma fille me dit que je suis trop gentille avec les gens de la société, que je me laisse faire. Mais j’ai été éduquée comme ça, je respecte les gens. C’est ce qu’on demande aussi : le respect.

Chaque année, le loyer est révisé. Il faut rendre toute une série de documents. Ils en perdent parfois l’un ou l’autre et nous préviennent plus tard. Notre loyer est alors augmenté jusqu’au plafond car on est soi-disant en défaut. Alors que c’est eux qui ont perdu le papier. Ça représente des sommes importantes pour nous. Si on ne paie pas, c’est direct l’huissier qui risque de venir réclamer. Puis, on nous facture les frais. Mais l’erreur est dans leur chef...

Et puis, il y a des erreurs. Dernièrement, à nouveau on n’avait, pris en compte que deux de mes trois enfants qui restent à ma charge.

Une plus grande rigueur dans la gestion de l’administratif est nécessaire.

Quand mon fils aîné a été diplômé, il n’a pas trouvé tout de suite un travail. Il a fallu six mois. Il n’avait pas les moyens d’aller vivre ailleurs, nous l’avons donc gardé chez nous, bien sûr. Comme il n’était plus à charge mais considéré comme une personne active en plus (alors qu’il n’avait pas de revenus !), notre loyer a augmenté. Ça a été une période très difficile financièrement.

Certaines personnes comme une amie se voient refuser l’octroi d’une habitation sociale car elles ne gagnent pas assez. Leur loyer sera alors faible et ce n’est pas rentable pour la société. Il faudrait rendre au logement social sa philosophie première et fournir des logements avant tout à des ménages à faibles revenus.

Il y a également un problème dans l’attribution d’un logement adapté. Quand la famille s’agrandit, on peut bénéficier d’un logement plus grand mais quand les enfants sont partis, les chambres restent vides sauf pour les petits-enfants qui viennent une fois de temps en temps. En attendant, des ménages qui ont besoin d’une plus grande habitation ne peuvent pas en bénéficier. Ce serait bien qu’on adapte dans les deux sens : selon les demandes et besoins des personnes.

C’est dommage aussi qu’il n’y ait pas plus de mixité sociale. Par exemple, chez nous, on met beaucoup d’africains dans le même quartier, les maghrébins dans un autre, etc... pourquoi ne sommes-nous pas tous mélangés ? Ce serait plus riche !

Les normes de salubrité en matière de nombre d’enfants par chambre sont une discrimination supplémentaire. Personne ne va aller dire quoi que ce soit à des personnes qui louent dans le privé ou qui ont leur propre maison. Pourquoi encore une contrainte supplémentaire imposée à ceux qui n’ont que peu de moyens ?

 

Recommandations du RWLP dans le cadre du logement public :

 

  1. Si l’accès au logement social doit rencontrer certaines conditions, il est toutefois indispensable que les locataires soient considérés avant tout comme des partenaires de la relation bailleur-locataire. Les conditions d’accueil, la prise en compte des personnes dans leurs trajets de vie, la communication doivent absolument être améliorées au sein des sociétés de logement social.

 

  1. De très nombreux logements sociaux, habités ou vides, sont dégradés. Les locataires ou futurs locataires peuvent devenir des partenaires de la rénovation dans le cadre de dispositifs à inventer. Loin de l’assistance passive, des personnes peuvent mobiliser leur savoir-faire et s’impliquer dans l’amélioration des logements.

 

 

Le logement, une priorité majeure qui nous implique tous.

Damien Maertens participe au groupe de travail Logement du RWLP. Il est membre du Conseil d’administration du RWLP comme représentant de la Maison Marie-Louise de Verviers.

Son témoignage :

Comment une politique communale volontariste peut conduire à un mécanisme d’expulsion et d’orientation d’une population en maison d’accueil ?

Ma fonction de travailleur social en maison d’accueil me confronte régulièrement aux problèmes du logement et de son occupation par une population à revenus précaires ou modestes.

Le logement, l’accompagnement social, celles et ceux qui le vivent, celles et ceux qui le font, les normes, l’évaluation du travail, voici notre quotidien.

La commission salubrité de la commune dans laquelle je travaille a recensé des immeubles non conformes. Suite à une visite d’un technicien, un avis de rénovation détaillé est envoyé aux propriétaires ainsi qu’aux locataires de l’immeuble. Le propriétaire a un délai de six mois pour entreprendre les rénovations. Si à l’échéance du délai, les travaux ne sont pas en cours, un nouveau délai de trois mois est consenti. Après cette période, si les travaux n’ont toujours pas débuté, un arrêté d’insalubrité est signifié aux propriétaires et aux locataires. Le bail est rompu et le locataire a un délai de trois mois pour libérer l’immeuble reconnu inhabitable.

Régulièrement, nous sommes confrontés à des demandes de séjour dans notre maison d’accueil, demandes induites par ces situations. Il manque donc une maille sur le filet social en matière de logement. Il est clair que les logements incriminés abritent des personnes à capital réduit...

Trouver un logement adapté n’est pas simple. Une famille mono-parentale composée de quatre enfants, avec un revenu d’intégration social a peu de chance de trouver un logement dans notre commune.

En 2010, nous avons accueilli plus de familles expulsées d’un logement public que nous n’avons mis de familles hébergées dans notre maison vers un logement public... il y a un problème.

Le logement n’est pas un objet simple, c’est un bien économique, coûteux, à maîtriser, à entretenir, à chauffer, c’est un bien social, à partir duquel nous sommes reconnus socialement, c’est un lieu qui nous articule à la vie sociale de citoyen.

Loger des personnes aux revenus précaires ou modestes nécessite la mise en perspective des contrats de bail, du rôle des intervenants sociaux, des procédures d’expulsion... Nous devons être attentifs et créatifs face à la mise en œuvre de ces outils.

Nous devons assurer un habitat correct pour toutes et tous, le logement est un enjeu essentiel, constitutionnel. Il soulève des interrogations nouvelles et complémentaires sur le sens du travail en matière de logement, sur les rôles et la posture des intervenants, nous locataires, nous bailleurs, nous législateurs ...

 

Une recommandation majeure du RWLP dans le cadre du logement :

 

Le logement est un droit de base fondamental stabilisant qui, paradoxalement, constitue un élément d’insécurité majeur aujourd’hui. Lorsque la population est insécurisée à ce niveau, elle est progressivement paralysée dans les autres aspects de sa vie.

Le RWLP demande que les responsables politiques wallons fassent du logement une priorité politique absolue, dès maintenant et pour les années à venir. Ceci en associant tous les acteurs que sont la population, les spécialistes, la société civile dans toutes ses composantes. Ceci en abordant la question dans une diversité d’approches qui permet de rencontrer la diversité des besoins et réalités de vie, et ce dans l’intérêt collectif.

 

Efficacité énergétique, logement durable… un plus si c’est au profit de tous

 

Patrick Truccolo participe aux travaux du RWLP dans les projets logement, énergie et mobilité.
Il est membre du RWLP à travers l’association le Trusquin.

 

Son témoignage :

La politique d’efficacité énergétique visée au travers de la première alliance emploi/environnement pour améliorer la qualité du bâti wallon est une fabuleuse avancée en vue de répondre aux enjeux énergétiques et climatiques auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.

Néanmoins, cette politique sera loin d’atteindre ses objectifs si elle ne permet pas à tout un chacun, et en particulier les plus démunis, de diminuer ses coûts énergétiques, et par conséquent, les rendre le plus indépendants possible des augmentations de coûts bien prévisibles liés à l’utilisation, notamment de combustibles fossiles pour se chauffer.

Des solutions techniques permettant de réduire considérablement la consommation énergétique des bâtiments existent et sont disponibles. Mais l’accès à ces techniques reste coûteux et les considérations de choix exprimées par la première alliance-emploi/environnement restent applicables majoritairement pour un public si pas averti, capable de comprendre et d’ingérer l’information pour bénéficier des dispositifs d’aides contribuant à réduire le financement de travaux permettant, à terme, l’économie d’énergie. Même si l’accompagnement au travers d’un guichet unique est envisagé, les dispositifs d’aide sont généralement très lourds à suivre sur le plan administratif et en décourage plus d’un.

Enfin, une réforme du système des primes « énergie-logement » est préconisée dans l’AAE en vue d’une simplification et d’un meilleur accès à un cofinancement des travaux envisagés en fonction des revenus ainsi qu’un prêt à taux zéro pour la partie du financement des travaux non couverte par la prime. Cela n’empêchera pas une logique d’endettement pour le simple fait d’avoir chaud en hiver ou d’être dans un confort de fraîcheur en été.

Il est donc primordial de soutenir les ménages à faibles revenus ou en difficultés parce que c’ est un facteur central en terme de cohésion sociale, de résilience de la population par rapports aux enjeux cités mais surtout par rapport aux enjeux d’accès à un logement sain, confortable. Et donc par conséquent, aux enjeux de la santé, avec toutes les conséquences positives sur le fait qu’un individu ou une famille, puisse se consacrer à des projets de long termes et non à des solutions palliatives de survie au jour le jour.

L’auto-construction et/ou l’auto-rénovation constitue une piste de solution très intéressante allant dans ce sens. Elle serait gérée dans un cadre de supervision technique par une entreprise spécialisée dans l’éco construction (il en existe dans le champ de l’économie sociale). Il s’agirait d’une d’aide supplémentaire à valoriser permettant la prestation de supervision de l’entreprise compétente auprès des familles intéressées à diminuer l’investissement financier lié à la main-d’œuvre des travaux nécessaires en permettant à ces familles de participer elles-mêmes à l’amélioration de leur bâti. Il s’agirait en outre d’une véritable démarche éducationnelle et pédagogique pour un investissement de long terme notamment transmis des familles envers leurs enfants.

La participation des bénéficiaires (propriétaires et/ou locataires) amènera une réelle compréhension de la nécessité d’évolution du bâti occupé et un respect pour le long terme de ce qui est construit et/ou rénové.

Former les gens à utiliser leur bâtiment correctement va forcément permettre le bon sens d’utilisation énergétique.

Enfin, la norme PEB actuellement en vigueur pour les propriétaires tant publiques que privés est très légère dans son degré d’exigence à la performance énergétique en regard à ce qui se fait chez nos voisins Allemands, Suisses et Autrichiens. Malgré cela, la mise en conformité à cette norme sert déjà d’argument pour justifier une hausse du montant des loyers des propriétaires envers leurs locataires !

 

Recommandations du RWLP en matière d’énergie et de logement durable :

 

  1. Le RWLP demande au Gouvernement wallon d’émettre une directive claire envers les propriétaires soumis maintenant à la norme PEB afin de ne pas grever davantage le pouvoir d’achat de ménages déjà en difficultés.

 

  1. Le RWLP souhaite que le gouvernement soutienne la démarche supervisée d’auto-construction et/ou d’auto-rénovation, en particulier avec les populations les plus fragiles.

 

  1. Le RWLP demande que le Gouvernement wallon dote les associations de base qui disposent des connaissances nécessaires dans l’alliance emploi/énergie de moyens nécessaires pour effectuer un travail de veille constante de non-exclusion des populations les plus faibles au nom du logement durable.

 

Le Parc Résidentiel du Lac à Mettet, une histoire de cœur

 

Francine De Buysser participe au groupe de travail logement du RWLP.
Elle s’investit bénévolement dans le cadre du Forum Social de Mettet notamment dans le cadre de la concertation du Plan Habitat Permanent.

Son témoignage :

L’histoire du parc n’est pas un long fleuve tranquille. Si l’on écoute les plus anciens résidents, ils pourraient parler pendant des heures du combat mené y-compris par voie judiciaire  contre un promoteur.

Aujourd’hui, au fil des années, la situation du parc a bien changé. Avec le temps, on a construit des chalets et accordé des domiciliations. Le promoteur avait instauré le loue-achat. Des habitants du parc n’ayant plus l’accès au lac ont vendu leurs biens, certains sont restés.

D’autres sont venus s’installer, pour des raisons économiques. Acheter un terrain et un chalet, une caravane coûte moins cher. Cela permet d’être propriétaire sur une dizaine d’année, et de nouer les deux bouts.

Quelques 250 personnes y vivent au quotidien.

Entre-temps, le Forum Social de Mettet, actif sur le terrain, réfléchissait avec les habitants à la construction d’un local communautaire. Des donateurs et des subsides furent trouvés. Les autorités communales se sont mises au diapason.

Mais comment résoudre les problèmes dans un lieu privé ?

C’est ainsi que la commune en rachetant le local au Forum Social a pu devenir propriétaire, faire partie de l’assemblée des propriétaires et se faire élire syndic du parc. Elle est aujourd’hui également administrateur provisoire.

Le Forum Social reste gestionnaire du local. Dans le cadre du plan HP, il est agent de concertation.

Le local a permis de créer une dynamique entre d’une part les habitants du Parc, l’associatif, les autorités communales et les citoyens extérieurs.

La collaboration de tous a permis, dans le cadre du projet « D’une Rive à l’Autre », de raconter la vie au Parc.

Si aujourd’hui l’électricité est renforcée, l’eau potable installée, les infrastructures ont besoin d’être adaptées.

Chacun aspire à être reconnu comme vivant dans un quartier de la commune à part entière. Les habitants apprécient la vie à la campagne, le bon air, la sécurité pour les enfants, le calme, la solidarité.

Ils revendiquent le droit de vivre là où ils se sont posés.

Une des pistes envisageables est la reconversion du domaine en Zone d’habitat. C’est l’espoir qu’ils nourrissent dans la récente convention signée entre la Région Wallonne, le BEP, et la Commune.

Ce serait aussi la reconnaissance de toute une vie de lutte et de combat collectif, de personnes qui ont construit elles-mêmes leur logement social, sans pouvoir bénéficier d’aides fédérales ou d’un tarif social quelconque.

Ils ont construit en quelque sorte leur habitat permanent.

 

 

 

Recommandation du RWLP dans le cadre
de l’aménagement du territoire :

 

La prise en compte des solutions inventées par des personnes en matière de logement, solutions finalement adaptées à leurs besoins, impose que les acteurs politiques soient également en capacité d’inventer des dispositifs législatifs en phase avec les évolutions sociétales.

Dans ce sens, le RWLP demande qu’un chantier soit ouvert pour créer la reconnaissance d’une « zone d’habitat spécifique » qui corresponde à des réalités de l’habitat permanent. La démocratie s’organise à partir de dispositifs législatifs qui sécurisent chacun dans le cadre d’un état de droit. C’est dans ce cadre que des habitants permanents souhaitent être considérés comme des acteurs à part entière.

 

 

 

Présentation du RWLP - Joseph CHARLIER - Consultant pour le RWLP

 

Présentation du Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (R.W.L.P.)

Actif en tant qu’association de fait depuis plus de 25 ans, et constitué en ASBL depuis 2003, le Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (R.W.L.P.) compte 26 associations membres en Wallonie (cf. liste jointe), ainsi que d’autres organisations partenaires.

Le R.W.L.P. fait partie du Réseau belge de lutte contre la pauvreté (BAPN) qui, outre le R.W.L.P., se compose du Vlaams Netwerk van vereningen waar armen het woord nemen, et du Forum bruxellois de lutte contre la pauvreté - Brussels Armoede Platform. Le Réseau belge de Lutte contre la Pauvreté est membre du Réseau européen des associations de lutte contre la Pauvreté et l’exclusion sociale (EAPN). Le Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté jouit d’un subventionnement des gouvernements de la Région wallonne et de la Communauté française. Il bénéficie aussi du soutien de Cera. La spécificité du R.W.L.P. c’est qu’il associe à chaque moment les personnes en situation de pauvreté - en pleine collaboration avec les associations - à la réflexion et à l’action en vue de réduire progressivement et durablement la pauvreté et les processus à la source de celle-ci. Celles-ci manifestent ainsi leur pleine capacité de citoyens actifs et acteurs de changement sociétal.

Depuis 2004, le R.W.L.P. conduit de manière active une démarche participative sur l’accès et l’exercice des droits des personnes en situation de pauvreté en Région wallonne, dans une préoccupation de justice sociale indispensable à une société démocratique.

Le 27 juin 2005, le R.W.L.P. a présenté aux parlementaires wallons, au siège du Parlement wallon, la démarche qu’il avait conduite sur l’accès et l’exercice des droits au logement, à l’emploi et à la santé, en séance publique de la Commission de l’Action sociale et de la Santé1 .

Par la suite, le R.W.L.P. a franchi un cap supplémentaire lorsqu’il a présenté ses propositions relatives à ces trois matières aux pouvoirs publics lors d’une séance publique tenue au Moulin de Beez, le 1er décembre 2008. Ces propositions ont été synthétisées dans un Mémorandum diffusé préalablement aux élections régionales, communautaires et européennes de juin 2009.

Lors de l’année européenne de la pauvreté (2010), le R.W.L.P. a joué un rôle actif majeur dans la réalisation de plusieurs événements. Il a organisé un grand colloque public sur le droit au logement (Liège, mars 2010). Il a participé de manière active à d’autres manifestations tenues en collaboration avec les réseaux faisant partie du Réseau belge de lutte contre la pauvreté (BAPN) : colloque sur le suivi des accords de Lisbonne (janvier 2010, Leuven) ; colloque sur le droit à l’emploi (septembre 2010, Bruxelles) ; colloque sur l’accès à la santé.

(novembre 2010, Bruxelles). Plusieurs brochures, disponibles auprès du R.W.L.P., ont jalonné ces événements.

Le R.W.L.P. participe activement à l’organisation des rencontres européennes annuelles des personnes vivant la pauvreté (la dernière s’est tenue en mai 2010 à Bruxelles ; elle avait pour thème : « Emploi, Travail et Boulots – La réalité vécue par les personnes en situation de pauvreté »), et à l’organisation, chaque année, de la journée mondiale de lutte contre la misère du 17 octobre (l’an dernier, celle-ci a eu lieu à Bruxelles).

Actuellement, le R.W.L.P. poursuit avec les associations membres, de nombreux autres partenaires - en y associant activement les personnes en situation de pauvreté -, un travail de terrain centré sur la mise en oeuvre de ses propositions dans les matières du logement, de la santé, de l’emploi, de la famille, des jeunes et des enfants.

Enfin, le R.W.L.P. a de nombreux contacts et conduit des partenariats avec les responsables publics de la Région, de la Communauté française et de l’Etat fédéral (au travers de BAPN), avec les responsables syndicaux, avec les responsables d’entreprises, avec les ONG, dans le but de faire aboutir le mieux possible l’ensemble de ses revendications et propositions et contribuer ainsi à faire échec durablement à la pauvreté qui atteint une grande partie de nos concitoyens.

Adresse de contact

Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté asbl (RWLP)

Rue Marie-Henriette, 12

5000 Namur

T : 081/31.21.17 – F : 081/31.21.18

Mail : bureau@rwlp.be

1 Cf. : « Accès et exercice des droits en Région wallonne ». Actes des assemblées « accès et exercice des droits au logement, à l’emploi, à la santé », décembre 2004 à juin 2005, et compte-rendu de la rencontre avec les

parlementaires wallons du 27 juin 2005, Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (R.W.L.P.), Namur, 2006.

Joseph Charlier, R.W.L.P., texte de présentation du R.W.L.P., Parlement wallon, 16 juin 2011.

Sites WEB : www.rwlp.be - www.bapn.bewww.eapn.be

Joseph Charlier, R.W.L.P.,, texte de présentation du R.W.L.P., Parlement wallon, 16 juin 2011.

 

Présentation des objectifs et de l'action du RWLP- Christine MAHY - Secrétaire Générale

 

 

PARLEMENT WALLON – RÉSEAU WALLON DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ

 

RENCONTRE D’INFORMATION ET D’ÉCHANGE – 16 JUIN 2011

 

Présentation des objectifs et de l’action du RWLP.

 

Christine Mahy, Secrétaire générale du RWLP.

 

Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les présidents de commissions, Messieurs et Mesdames les députés, Chers amies et amis témoins du vécu, militants et associations membres du RWLP,

 

Je ne vous cache pas que c’est avec une certaine émotion que nous avons le plaisir d’être reçu au sein de l’institution qui constitue le cœur de la démocratie. Lorsque je dis « nous », je parle bien au nom des personnes présentes ce matin dans cet hémicycle, qui pour la plupart d’entre elles sont des wallonnes et des wallons qui vivent dans une démocratie avec l’impression réelle d’être beaucoup trop peu considérés comme citoyens actifs, engagés, mobilisés et mobilisables. Témoins du vécu, militants, travailleurs et responsables d’associations, ils vivent la pauvreté, l’appauvrissement, l’accompagnement des personnes qui subissent cette pauvreté au quotidien. Ils savent que la pauvreté/l’appauvrissement n’est pas une fatalité, mais qu’elle se développe ou se réduit en fonction du contenu des politiques structurelles conçues par les pouvoirs publics et en fonction de la manière dont elles sont mises en œuvre, mais aussi en fonction de l’organisation de la production et la répartition des richesses.

 

S’il me revient ici le rôle de présenter les objectifs et les actions du RWLP, je vais le faire en mettant les personnes/citoyens au centre de mon propos et en rapport avec cette démocratie. Pour une explication plus académique et factuelle du RWLP, je vous inviterai à prendre connaissance des documents qui se trouvent dans votre farde et qui me semblent très complets. En outre, à travers les interventions des membres de la délégation du RWLP, vous comprendrez très vite les objectifs poursuivis par le RWLP et la méthode de travail.

 

Pour faire simple et rapide, je voudrais vous dire ce que n’est pas le RWLP pour ensuite énoncer quel acteur il veut être. Le RWLP n’est pas une association/institution de plus en Wallonie qui aurait pour rôle de gérer la pauvreté au sein de la société wallonne, d’organiser une participation bien-pensante des personnes qui connaissent la pauvreté, et par là-même contribuer à la paix sociale. Le RWLP veut jouer un rôle d’acteur incontournable en Wallonie pour éradiquer la pauvreté, ce qui doit conduire vers une cohésion sociale et une paix sociale naturelle et durable, soit vers la pratique de la démocratie. La pauvreté/l’appauvrissement des populations est une injustice criante. La lutte contre la pauvreté est une question de justice sociale et d’équité, une question d’accès et d’exercices des droits, une question de démocratie.

 

La pauvreté se construit sur base d’un mécanisme de privation de l’accès aux Richesses matérielles, immatérielles et naturelles qui installe sournoisement un état de carence et de dépendance non-souhaité par les personnes.

 

Lutter contre la pauvreté/l’appauvrissement, c’est donc parler de l’accès aux Richesses matérielles, immatérielles et naturelles ; de l’organisation d’une société pour que tous puissent non seulement faire usage de la richesse, mais aussi la produire ; Et cela dans la cadre d’une solidarité indispensable à une société humaine développée.

 

Cette rencontre de ce jour témoigne de la volonté du RWLP d’établir un contact direct entre les acteurs qui agissent sur la démocratie et la population qui nous occupe. Les personnes qui subissent la pauvreté/l’appauvrissement veulent que cela s’arrête. Elles veulent vivre dans un état de droit auquel elles puissent participer activement à la construction. Elles demandent que leur intelligence de la vie soit entendue pour que les politiques structurelles que sont le logement, l’emploi, la santé, l’énergie, l’aménagement du territoire, les affaires sociales, etc créent de la justice sociale, rendent la vie humaine, décente et agréable pour chaque wallon.

 

Je voudrais vous dire que je rencontre un peu partout en Wallonie, des personnes dites pauvres/des personnes qui s’appauvrissent, qui sont ingénieuses, très actives, créatives, investies dans des projets solidaires, qui calculent bien, qui ne se découragent pas, qui ont des valeurs,… sans quoi elles ne seraient plus là. Par contre je rencontre aussi des personnes pour qui l’usure de la traversée de la vie dans la pauvreté est terrible et qui sont effondrées. Il faut oser le dire une partie des wallons ont encore une espérance de vie réduite pour cause de pauvreté ! Et surtout ce que je constate c’est la manière dont les gens investissent toute leur créativité pour traverser la vie uniquement en gérant la matérialité du quotidien. Mais peut-on se résoudre à ce que cette créativité, ces potentiels soient uniquement utilisés à cette fin ? Quelle perte pour la collectivité, quelle perte pour la Wallonie. Car enfin, le discours politique et social n’est-il pas de dire au wallonnes et wallons qu’ils doivent être dynamiques, innovants, sérieux, responsables ? Toutefois lorsqu’ils « inventent » pour trouver des solutions dans leur vie quotidienne compte tenu d’une réponse inadaptée à travers les politiques structurelles mises en place, preuve de leur sens des responsabilités, ils sont perçus comme agissant « à côté des règles ». Permettre aux personnes de nommer les réalités problématiques, c’est déjà se mettre en action positive pour inventer les solutions/les règles à adapter ensemble. Les gens ne demandent pas à vivre en marge, les gens ne veulent pas être des sous-wallons, ils veulent participer activement à la construction d’un système juste, ils veulent pouvoir influencer constructivement les dispositifs législatifs mis en place pour organiser la société au profit de tous.

 

La population wallonne a besoin dans son entièreté, et pas uniquement à travers la performance et le vedettariat, d’entendre et de sentir que le monde politique la reconnaît, est fière d’elle. Etre fière de sa population commence par ne pas nier les réalités auxquelles elle est confrontée, à ne pas la rendre responsable à titre individuel de ses réalités, et à travailler avec elle pour créer les conditions de vie digne pour que la vie devienne une aventure simplement juste.

 

C’est donc en travaillant avec le monde politique, le monde de la société civile, les associations, que les personnes en situation de pauvreté/qui s’appauvrissent/qui ont connu la pauvreté veulent voir la pauvreté disparaître.

 

Pendant que nous sommes ensemble ici au Parlement wallon, Solange, Geneviève et Gaëlle nous représentent à l’assemblée générale du Réseau Européen de Lutte contre la Pauvreté (EAPN) à Lisbonne. Parce que les politiques structurelles se construisent du plan wallon au plan européen, le RWLP est actif à tous les niveaux de pouvoirs. Parce que les orientations européennes sont plus qu’inquiétantes, nous souhaitons aussi que les parlementaires soutiennent le RWLP dans le cadre de positionnements européens à travers nos représentants politiques à ce niveau de pouvoir.

 

Si nous ne sommes pas physiquement parmi les « Indignés sur les places » à Lisbonne, en Grèce, à Paris, à Bruxelles, à Liège ou Charleroi, nous sommes des Indignés actifs par rapport à un monde qui produit de la pauvreté et qui organise la gestion de la pauvreté. Les Hommes et les Femmes, les Wallonnes, les Wallons ne sont pas des produits. Nous ne nous résoudrons pas à accepter cela. C’est la raison pour laquelle nous venons à votre rencontre.

 

Et avec votre accord, nous reviendrons travailler avec vous après cette première prise de contact.

 

Pour conclure, je vous invite à noter la date du 17 octobre dans votre agenda. Le RWLP vous invite à Charleroi dans le cadre de la Journée Mondiale de Lutte contre la Pauvreté.

 

Je vous remercie pour votre écoute, je vous remercie pour votre accueil.

 

Je vous invite à prendre connaissance du texte qui précise le positionnement politique du RWLP.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

Positionnement Politique du RWLP

 

1. Les postulats sur lesquels repose le projet du RWLP :

 


La lutte contre la pauvreté est une question de justice sociale et d’équité, une question d’accès et d’exercices aux droits, une question de démocratie.

 

La pauvreté est une injustice criante en Wallonie, en Belgique, en Europe et dans le monde, à une époque où les richesses n’ont jamais été aussi importantes (les richesses matérielles et immatérielles). Toutefois, force est de constater que celles-ci n’ont jamais été autant concentrées dans les mains d’un petit nombre au détriment du plus grand nombre. Lutter contre la pauvreté nécessite donc que les pouvoirs publics s’intéressent aux Richesses et à leurs usages au bénéfice de Tous.

 

La pauvreté n’est donc pas une fatalité. C’est une conséquence de cet usage inégalitaire de l’accès aux Richesses (matérielles, immatérielles, naturelles) pour Tous. C’est aussi une conséquence du déficit des politiques structurelles ou de l’inadéquation/décalage de celles-ci par rapport à la réalité vécue par les populations. C’est enfin une conséquence du capitalisme débridé conduisant vers une privatisation croissante de services et de biens qui devraient être considérés pourtant comme des biens communs.

 

Vivre des conditions de pauvreté ou d’appauvrissement dans la longue durée provoque le développement de comportements de survie qui créent des habitudes de vie liées à la privation, à l’ignorance, à l’isolement, au fait de se vivre “à côté du système”. Cela conduit à la désaffiliation progressive et souvent de plus en plus intense. Et finalement se développe ce que d’aucun nomme “la pauvreté générationnelle”. Car la pauvreté générationnelle n’est ni une fatalité, ni génétique… elle s’installe malheureusement insidieusement de façon profonde.

 

Plus le RWLP rencontre de personnes qui connaissent la pauvreté, la précarité, l’appauvrissement, plus le Réseau constate que les personnes qui connaissent ces situations gèrent activement et quotidiennement leur vie. Elles font le mieux qu’elles peuvent, dans les conditions qu’elles connaissent et avec les Ressources dont elles disposent.

 

Ces personnes doivent déployer une telle énergie quotidienne pour survivre qu’elles deviennent difficilement mobilisables pour autre chose.

 

Souvent tout à fait conscientes de leurs limites individuelles, celles-ci sont capables d’identifier leurs faiblesses, d’en parler et de demander à bénéficier d’un soutien pour les dépasser.

 

Tous les acteurs publics, associatifs, de la société civile, du monde économique, qui organisent, agissent et influencent l’organisation des Ressources, des Richesses ont donc une responsabilité importante afin d’agir au plus vite pour inverser ces mécanismes d’appauvrissement.

 

Pour résoudre la question de la pauvreté, le RWLP pense qu’il est essentiel de s’intéresser aux Richesses, aux Ressources (matérielles, immatérielles et naturelles), ainsi qu’aux formes de distribution/redistribution et d’accessibilité à celles-ci (par les ressources financières -le revenu du travail ou le revenu de remplacement-, l’organisation des services publics et leur accessibilité, la sécurité sociale, l’organisation de l’accès à la connaissance).

 

Résoudre la pauvreté demande donc que le bien-être, le bien vivre, la traversée de la vie dans des conditions correctes et dignes permettant d’aller au-delà de la gestion réductrice de la matérialité du quotidien, soient au centre des préoccupations Pour et Avec Tous.

 

La pauvreté n’est pas “une matière”, ne peut être conçue comme « gérée », et comme développement d’un vaste marché de l’emploi dans le secteur social. C’est avant tout une injustice subie par certains qu’il faut combattre.

 

Le RWLP souhaite tout mettre en oeuvre, avec d’autres acteurs, pour que la pauvreté disparaisse.

 

2. Le RWLP estime que l’éradication de la pauvreté :

 

  • repose sur le fait d’augmenter les Ressources des ménages (de façon directe, via les formes d’organisation des services publics, via une gestion de l’économie privée devant participer à la justice redistributive, via une sécurité sociale renforcée), afin qu’ils disposent des moyens pour mener une vie correcte, autonome, de citoyens, de parents en capacité de conduire leurs enfants vers une société de la connaissance et vers la participation active à la production du social.
    • consiste à produire, organiser, reconnaître et répartir équitablement les diverses Richesses-potentialités (et pas la seule richesse du PIB) avec et vers toute la population.
    • c’est considérer la mixité sociale et la diversité comme une ressource productrice de Richesses-potentialités diverses.
    • c’est travailler sur la tension entre le bien-être individuel et la capacité pour chacun de participer à l’organisation de la vie collective, soit d’exercer sa citoyenneté dans l’intérêt du bien-être pour tous.
    • c’est organiser la connaissance et la formation historique et politique sur la question sociale. Il s’agit de démonter la représentation selon laquelle la sécurité sociale -assurance sociale-, l’organisation des services publics, et dans certaines circonstances le besoin d’un accompagnement social seraient des « mises sous baxter » et un assistanat. Ce sont les instruments de la prise en compte équitable de tous les citoyens dans les réalités concrètes qu’ils traversent tout au long de la vie.
    • C’est organiser l’accès à la formation et à la connaissance dès le plus jeune âge et tout au long de la vie pour Tous, dans des contextes non discriminants et naturellement inclusifs.
    • c’est agir simultanément sur les aspects essentiels de la vie que sont : les ressources/revenus, le logement, la santé, la formation/l’enseignement, l’emploi/la participation à la production du social, la culture/l’éducation permanente.
    • C’est reconnaître les processus de “débrouille” des personnes comme des savoir-faire vitaux qui s’imposent à eux, et non comme des disfonctionnements sanctionnables par des dispositifs légaux non adaptés compte tenu de la déficience de ceux-ci (déficience quantitative et/ou inadaptation par rapport aux réalités évolutives sociétales).

 

 

 

3. Par conséquent, le RWLP cherche à ce que sa contribution permette d’ agir en priorité sur les Ressources des familles et personnes par le biais de quatre leviers :

 

  • l’augmentation des ressources directes : revenu du travail et/ou revenu de remplacement et/ou revenu de la participation à la production du social (diverses formes nouvelles d’investissement sociétal dont le volontariat, l’engagement associatif, … économie informelle ou solidaire), soit concevoir une économie au service des Gens et pas l’inverse.
    • le bénéfice de ressources « différées » via l’organisation des services publics et privés réellement accessibles à tous (en termes de coût, d’accessibilité et de garantie de tenir compte de tous les citoyens dans le cadre des dispositifs mis en place), et une sécurité sociale consolidée et améliorable encore
    • l’accès réel pour tous aux savoirs et à la connaissance
    • la participation dans le cadre d’une pratique de la démocratie concrète et active.

 

Agir de façon directe sur les ressources financières des personnes et familles à faibles revenus aurait une conséquence directe et immédiate sur l’économie, ces ressources étant vouées à la consommation immédiate nécessaire à un bien-être de base.

 

Ce ne sont pas ces ménages qui « stockent », ni spéculent de quelque manière que ce soit.

 

Consommateurs directs immédiats, ils sont largement « inclus » dans le fonctionnement socioéconomique actuel.

 

Assurer aux personnes des revenus de remplacement décents, une sécurité sociale renforcée et l’accès à des services de qualités, ouvre réellement aux personnes les possibilités d’accéder à l’emploi, de participer à la vie collective, d’apporter ce qui est nécessaire au bien-être de leurs enfants.

 

4. Pour ce faire, Le RWLP pense qu’il faut se saisir de trois aspects essentiels interdépendants (effet de vases communicants) :

 

  • la production des Richesses (du monde privé, du monde public, émanant des populations) et de la répartition équitable de celles-ci. En particulier revoir la fiscalité, s’intéresser à l’impôt juste, s’intéresser de façon active à la production des Richesses (non seulement évaluée en PIB, mais évaluer toutes les formes de Richesse). Dans ce cadre la spéculation devrait être qualifiée de « grave délit »qui appauvrit les personnes, les états et donc spolie les richesses.
    • « réduire le champ de l’intervention sociale palliative » au profit de l’organisation de Politiques Structurelles résolument Sociales (soit organisées au profit de tous), dans le cadre d’une relation partenariale contractuelle saine entre le monde associatif et le service public.
    • organiser immédiatement le « rattrapage social » pour les personnes et familles victimes de ce qui a engendré leur état de pauvreté ayant parfois conduit jusqu’à la pauvreté dite “générationnelle”. L’organisation du champ de l’action sociale directe sous différentes formes devrait progressivement se réduire au profit du petit pourcentage de personnes qui connaîtront des difficultés dans lesquelles elles devront durablement être accompagnées.

 


Moins les politiques structurelles seront construites au profit de tous, et moins elles seront financées et distribuées dans un esprit d’équité, plus l’état d’assistance se développera et plus il faudra financer le champ de l’intervention sociale.

 

Plus les politiques structurelles rempliront leur rôle au profit de tous, plus les savoir-faire et compétences surinvesties actuellement dans le travail social palliatif pourront être utilement organisées et utilisées dans le cadre des politiques structurelles publiques, d’actions associatives participatives/collectives et de bien-être, plus la cohésion sociale sera naturelle et ne devra plus être (re)créée « artificiellement ».

 

Paradoxalement, l’état social actif produit la pauvreté, l’accès à l’emploi dans n’importe condition réduit le champ des possibles des familles. Par contre le renforcement de la sécurité sociale et des revenus de remplacement augmentent les possibilités de se construire et d’aller vers une inclusion active, soit durable, participative et de qualité.

 

5. Pour le RWLP, la participation n’est pas une fin en soi, mais un élément central de conquête de la justice sociale et de mise en pratique de la démocratie. Il est donc essentiel de la pratiquer pour :

 

  • (re)mettre la personne au centredes préoccupations de la société, la personne comme sujet et non comme objet de l’organisation de la société.
    • (re)connaître « l’expertise » de la vie des personnes, leurs capacités à nommer des problèmes, à exprimer des limites, à suggérer des pistes de réflexion, à être en capacité de proposer, à pouvoir décider, à pouvoir évaluer, à apporter leurs cultures, à imprimer leur rythme, à passer de la préoccupation individuelle à la préoccupation collective.
    • affirmer la capacité de mobilité sociale, de changement, d’apprentissage pour n’importe quelle personne.
    • pratiquer « normalement » la mixité sociale et culturelle.
    • Reconnaître l’intérêt de la co-construction au sein de laquelle les citoyens sont en capacité d’occuper une place.

 


Pour que la participation ne soit pas factice, elle doit conduire à des résultats concrets :

 

-          se faire entendre/être entendu par le monde des décideurs (intégrer le débat public par le biais d’une démocratie activement participative).

 

-          et cela doit se traduire en dispositifs publics concrets (évolution des réglementations, dispositifs décrétaux, etc) et financés (avec les effets concrètement organisés et appliqués sur le terrain).

 


Ce n’est pas l’état de pauvreté en soi qui légitime la participation, sans quoi nous verserions dans une participation bien pensante, caritative et d’assistance.

 

C’est la situation d’injustice vécue/ressentie, la non prise en considération comme citoyen à part entière compte tenu de cet « état de pauvreté » et le désir de mobilisation collective pour la combattre qui motivent la participation.

 

6. Méthodologiquement, le RWLP a agit sur plusieurs champs de façon concomitante. Tous ces champs ne sont pas nécessairement activés en même temps pour les différentes actions menées :

 

 

 

  • Avec et Dans les mondes associatifs, syndicaux et fédérés :

 

- le champ collectif : le réseau comme lieu de rassemblement, de croisement, de travail ensemble entre associations de terrain qui visent non pas à gérer la pauvreté mais à la faire disparaître.

 

- le champ de la convergence et du renforcement : par les alliances avec des grands mouvements, autres réseaux, autres fédérations, avec les syndicats sur des éléments forts qui rassemblent.

 

  • Avec et Dans les mondes publics :

 

- le champ de la sphère publique par le politique : la rencontre/dialogue/débat/confrontation avec le monde des décideurs et la mise au travail avec eux.

 

- le champ de la sphère publique par les administrations : la rencontre/ dialogue/ débat/ confrontation et la (re)connaissance respective, la co-construction de l’évolution de dispositifs publics.

 

  • Avec et Dans les mondes économiques :

 

- le champ de l’économie sociale : déploiement de l’économie sociale, innovation dans la reconnaissance de la participation à la production du social (y compris l’économie informelle ou solidaire).

 

- le champ des entreprises privées : établissement de relations pour aborder la question de l’économie au service des gens et non l’inverse.

 

- le champ du débat économique : dans le cadre de collaborations avec des intermédiaires fédérateurs sur la question du développement économique.

 

  • Avec et Dans la population :

 

- le champ de la communication et du dialogue citoyen : via les médias, via des réseaux privilégiés. De façon réactive, de façon pro-active. Ceci pour travailler à la déstigmatisation des populations précarisées, pour collectiviser le débat, pour interpeller, pour mettre au travail la mixité sociale au profit de la lutte contre la pauvreté et au profit de la démocratie.

 

  • Avec et Dans le monde de la formation, de l’éducation permanente, le monde académique :

 

- le champ de la formation : des personnes en situation de pauvreté, des associations, du Réseau lui-même dans le cadre du projet politique de celui-ci, du monde des enseignants (futurs enseignants), du monde des futurs professionnels du social, dans le monde des professionnels du social.

 

- le champ de la recherche : activée par le RWLP et/ou des associations membres et/ou des partenaires et/ou des acteurs du monde de l’éducation permanente, et/ou des acteurs du monde académique.

 

7. Suivant les axes prioritaires définis par le RWLP, le travail s’organise de telle façon qu’il puisse influencer l’action publique du niveau local au niveau européen :

 


En fonction des objectifs, des missions, des actions, des enjeux politiques du moment, le RWLP est en relation avec :

 

  • Des Communes
  • Des Provinces
  • La Région Wallonne et la Communauté Française
  • La Communauté Germanophone
  • Le Gouvernement Fédéral
  • L’ Europe

 

Le travail au plan de la Communauté Française : fait l’objet de concertation avec le Forum Bruxellois de Lutte contre la Pauvreté.

 

Le travail au plan de la Communauté Germanophone : fera l’objet de concertation avec les Réseaux Germanophones de Lutte contre la Pauvreté.

 

Le travail aux plans fédéral et européen : fait l’objet d’un travail de concertation avec tous les autres Réseaux de Lutte contre la Pauvreté du pays, au travers du Réseau Belge de Lutte contre la Pauvreté (BAPN), et ce également dans le cadre de relations avec le Réseau Européen de Lutte contre la Pauvreté (EAPN), dont BAPN est membre.

 

8. Pour tenter d’être un des acteurs qui contribuent à éliminer la pauvreté, le RWLP a défini des axes de travail prioritaires qui s’affinent et se précisent toujours davantage :

 


Les axes de travail qui agissent sur des politiques structurelles qui organisent directement la vie des gens :

 

  • L’emploi et la formation, la participation à la production du social (y compris dans le cadre de l’économie informelle, économie solidaire).
  • Le logement, « être de quelque part », « habiter un endroit ».
  • La santé préventive et curative (bien-être physique et bien-être mental).
  • La capacité des parents à exercer leur rôle pleinement (vie familiale et vie tournée vers l’extérieur en lien avec la collectivité, autonomie familiale).
  • L’accès à la formation, à la connaissance, l’enseignement (dès le plus jeune âge et tout au long de la vie).
  • La reconnaissance culturelle/processus d’éducation permanente (la mise en valeur et la (re)connaissance des richesses socioculturelles de tous dans la société. Favoriser la société de la diversité).

 

Les axes de travail qui organisent directement la distribution et l’usage des Richesses :

 

  • Les Ressources financières des ménages : revenus directs et revenus indirects via l’organisation des services publics.
  • Le développement de l’économie sociale : réellement redistributive, dans le cadre d’emplois durables et de qualité.
  • Le soutien de la sécurité sociale.
  • La fiscalité et l’impôt juste, la dénonciation de la spéculation.

 

 

 

Pour chaque axe de travail, une lecture et une analyse seront développées sous l’angle du genre et de la réalité de la société multiculturelle.

 

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Guide d'apprentissage du numérique (ordinateurs, tablettes..)

Vidéos réalisée dans le cadre du projet « Fibre solidaire » initié par le Ministre-Président P.-Y. Jeholet, le RWLP a réalisé, en collaboration avec l’asbl RTA, des tutoriels qui visent à accompagner des jeunes et des familles dans l’apprentissage de l’ordinateur. Le RWLP les met ici à disposition en pensant à toutes celles et ceux qui doivent découvrir cet outil avec une certaine urgence.

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Un fonds documentaire à votre disposition

Une collaboration Province de Namur-RWLP et divers partenaires.


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