"La surcharge extrême du système hospitalier est de l’ordre du probable. Les médecins pourraient être amenés à décider quels patients admettre et à quels patients refuser l’accès aux soins intensifs.[...]
Le CSNPH est totalement conscient de l’engagement exceptionnel de l’ensemble du personnel médical et d’accompagnement des patients en dépit de conditions de travail éprouvantes. [...].
Les semaines et mois difficiles que nous allons traverser devront marquer d’un fil rouge l’approche médicale de l’avenir : l’exigence d’un système de sécurité social fort, complet, capable de prendre en charge les besoins médicaux et d’accompagnement de tous les citoyens, sans exception, devra être une priorité au-delà des préoccupations économiques.
o Le CSNPH prend acte de la charte éthique rédigé par le Comité d’Ethique de la société belge de médecine intensive et note qu’elle est uniquement applicable en cas de saturation extrême du système d’accueil des urgences. Il relève aussi que les cliniques universitaires disposent de leur propre charte avec un point d’attention sur le critère de l’âge.
o Le CSNPH relève que le tri se veut protecteur de tout arbitraire. Il est pour cette raison soumis à la combinaison de plusieurs critères successifs :
- le premier critère de sélection est la situation médicale du patient
- à situation médicale égale, l’âge du patient est déterminant : le patient le plus jeune sera privilégié, compte tenu du critère de l’espérance de vie
- le 3me critère est « premier rentré, premier servi »
- le dernier serait le tirage au sort, en cas d’afflux important en même temps.
Le CSNPH considère essentiel qu’il ne revienne en aucun cas aux urgentistes eux-mêmes de fixer les critères du choix.
- En même temps, le CSNPH s’inquiète de ce que les chartes éthiques n’abordent pas clairement la situation concrète des patients handicapés qui n’ont pas nécessairement de problèmes de santé préexistants au COVID-19. Est-ce que le handicap relève du premier critère de sélection, à savoir « la situation médicale » du patient ?[...].
- Le CSNPH constate que, parmi les critères de sélection des chartes éthiques, ne figure pas non plus l’expression de la volonté des personnes, ni de leurs représentants ou mandataires.
- Le CSNPH estime que TOUTE PERSONNE, malade ou non, handicapée ou non, doit pouvoir exprimer sa volonté par rapport aux soins qu’elle souhaite. Le consentement fait partie intégrante de la législation existante relative aux droits du patient. [...]
- Le CSNPH estime que le texte du Conseil d’Ethique de la société belge de médecine intensive laisse encore beaucoup d’interprétations possibles. Il doit être clarifié pour lever les incertitudes liées au statut de personne handicapée et au respect de l’expression de sa volonté.
- Le CSNPH souligne enfin aussi que les patients que l’on ne pourra pas soigner en soins intensifs parce que trop fragilisés, doivent néanmoins pouvoir être pris en charge et bénéficier de soins alternatifs de qualité. Cette exigence prend toute sa dimension précisément quand la personne s’est exprimée en faveur de l’absence d’acharnement thérapeutique.
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